En mars, j'avais posté sur le forum pour demander des conseils concernant un tour des Balkans prévu en mai.
Finalement, sur vos conseils j'ai pas pris le gros bidon de 20l de coco que je comptais emmener pour faire de la spéculation sur le sans plomb . J'ai pas pris non plus le relais de démarreur que je voulais prendre depuis le début et que vous m'avez également conseillé de prendre, car j'ai eu la flemme d'en acheter un avant de partir et parce-que mon couple batterie démarreur m'inspirait confiance. Je n'ai pas pris de colle, mais du scotch et du fil de fer et n'en ai pas eu besoin. Pas non plus eu besoin des câbles d'accélérateur et d'embrayage, ni du régulateur que j'avais emportés. Par contre j'ai pas mal sollicité les outils que j'avais emmenés.
Le trajet a été légèrement modifié par rapport à ce que je comptais faire à l'origine. J'ai parcouru 4 800 km en 9 jours, traversant la Belgique, le Luxembourg, l'Allemagne, l'Autriche, la Slovénie, la Croatie, le Monténégro et la Bosnie. Soit une moyenne de 533 km par jour avec une première étape de liaison de 850 km et une dernière étape marathon de 1 600 km d'une traite en 24h non stop pour rentrer de Sarajevo, les explications du pourquoi du comment à la fin .
20/05/2017 : journée de liaison Nouzonville (FR-08) - Berchtesgaden (Allemagne) par l’autoroute.
Quelques chiffres :
- 850 km donc 800 d’autobeurk
12h de trajet
3 arrêts essence
3 frontières passées sans contrôle car Schengen
Je me lève à 7h, petit-déjeune comme un chancre pour tenir jusqu’au soir sans manger, je ferme les valises, les mets en place sur la moto, installe mon téléphone, programme Google Maps, et je démarre. Premier arrêt 500m plus loin pour mettre un peu d’essence dans le réservoir. Celui-ci est presque vide, je rajoute 5,7 litres, juste histoire de tenir jusqu’au Luxembourg, où je tiens à remplir le réservoir au maximum pour économiser quelques euros puisque l’essence est beaucoup moins chère.
Je traverse la frontière belge en plein milieu de la forêt sur une route que je connais par cœur et que j’adore. Puis, une fois arrivé à Bouillon, me voilà vissé sur l’autoroute pour les 800 prochains kilomètres. J’arrive à la station Luxembourgeoise après avoir suivi un camion à l’aspi pendant 15 bornes pour être sûr de ne pas tomber en rade, puisque j’avais passé la réserve 35 bornes avant la station. Je fais le plein de 98 au Luxembourg à 1,22/l et je repars. Après avoir cramé le plein, je sors à Karlsruhe pour remettre du coco. Dans les petites rues où j’évolue à faible vitesse, j’entends un bruit bizarre. Arrivé à la station essence, je fais le plein puis inspecte un peu la bécane et me rends compte qu’un des boulons de bride du collecteur s’est barré et est sur la béquille depuis un bout de temps ! Je les avais remontés à la graisse au cuivre et il a dû se dévisser avec les vibrations.
Je sors le cliquet, la rallonge, le cardan et la douille de 12 du coffret Radio Facom dans le top case, je revisse l’écrou qui était tombé et resserre les 3 autres qui s’étaient aussi desserrés. Ils ne se desserreront plus du voyage et j’ai eu une sacré chance de ne pas le perdre. Ça n’aurait pas été dramatique mais c’est toujours un soucis de moins Mais en repartant, le bruit est toujours là. Au bout de quelques kilomètres, je me rappelle que lorsque j’ai reçu et monté mes crashbars Heavy Duties, il y avait un petit bout de métal qui se baladait dans les tubes. C’est ce petit bout qui fait du bruit lorsque le moulin vibre beaucoup (à la décélération). Je ne m’inquiète plus !
Sur les 250 bornes suivantes, je cherche à m’occuper. Je remarque que les allemands ne rigolent pas avec les voitures. La proportion de voitures allemandes est impressionnante et à vue d’œil je dirais qu’elle est même plus élevée que la proportion de voitures françaises chez nous. Ils ont des sous les allemands, surtout qu’ils ne choisissent pas les petits moteurs, non. Ils en ont bien mis un ou deux au catalogue pour les modèles vendus en France mais les locaux tournent à base de 6 en ligne, de V6 et V8 etpitaitou ! Je remarque aussi que, bien que le gasoil soit légèrement moins cher que le sans plomb, beaucoup de Bosch roulent à l’essence, comme partout sauf en France en fait .
Lamentablement bloqué à 130 km/h parce qu’au-delà la T@ guidonne, je tiens ma droite et me fais doubler par des missiles sol-sol toutes les 30 secondes. Mieux vaut surveiller ce qui arrive loin derrière avant de déboiter pour doubler. Cela dit, je ne double pas souvent, même les camping-cars, qui en France se trainent à 90, roulent plus vite que moi ! Par contre lorsque la vitesse passe à 100 km/h ou à 80 km/h dans les innombrables zones en travaux, le mec qui vient de te doubler compteur bloqué à 250 pile subitement pour se caler à la vitesse dictée par les panneaux.
Je remarque aussi que les allemands ont énormément développé le photovoltaïque. De nombreuses centrales bordent l’autoroute. C’est moche mais de toute façon, y avait déjà l’autoroute justement. Les particuliers et les agriculteurs ont aussi beaucoup de panneaux sur leur toit.
Réservoir vide, je sors de l’autoroute et fais le plein de 95 à Olching, peu avant Munich, à 1,29€/l. Sur les panneaux, je vois « Dachau ». Je m’étais justement dit un peu plus tôt dans la journée que je devrais passer pas très loin de cette localité tristement connue pour avoir abrité un camp de concentration avant et pendant la seconde guerre mondiale. Un petit coup d’œil sur Google Maps, je suis à 15 km, je décide de faire le détour et d’aller visiter le camp. Ça me ferait une pause.
Contrairement au camp français de Pithiviers, dans le Loiret, qui a complètement disparu, celui de Dachau est parfaitement conservé (en dehors des baraquements dont il ne subsiste que deux bâtiments) et se trouve en plein milieu de la ville.
Difficile par ce soleil radieux et ce silence d’imaginer l’enfer vécu par les milliers de personnes enfermées ici, qui moururent sur place, qui subirent les « expériences » médicales des médecins SS, ou furent déportées vers d’autres camps, d’extermination cette fois. C’est la première fois que je vois de mes yeux une de ces célèbres portes en fer forgé garnie de l’inscription « Arbeit macht Frei » (littéralement : le travail fait la liberté), j’en ai des frissons.
C’est par cette porte qu’entraient autrefois de force les prisonniers. Cette même porte par laquelle on rentre aujourd’hui en tant que visiteur, et que l’on peut ouvrir ou fermer à sa guise.
Je reprends la route direction Berchtesgaden, à la frontière austro-allemande. 40 km avant d’arriver, je remarque que mon régulateur, qui débite habituellement 14,8V ou 14,9V fait de temps en temps des sauts jusqu’à 15,5V. Je commence à me demander s’il ne serait pas en train de lâcher, mais il tiendra finalement tout le voyage. Peut-être était-il un peu fatigué au bout de 12h de travail non-stop dans la journée. De toute façon j’en avais pris un de rechange dans le top case, au cas où !
J’arrive donc à Berchtesgaden le soir sur le coup de 20h. Je m’assois immédiatement à une pizzeria car je n’ai rien mangé depuis 7h ce matin. Le service est long, je paie 12€ pour une Régina et une pinte de bière locale, correct. Je demande au serveur si le service est inclus. Il me dit que non et avec mes gros sabots, je lui demande qu’elle est le pourcentage classique en Allemagne. Gêné, il m’a répondu que c’était comme je voulais. Alors j’ai dit « bon bah 15%», il me dit "non, allez 10%" . Mais comme il avait du mal à calculer 10% de 12€, je lui ai dit d’arrondir à 14€, soit ... 16% . Il m'a vivement remercié et m'a salué.
Puis j’ai cherché un endroit pour dormir. Je suis monté de nuit au Berghof, l’ancien emplacement de la résidence dans laquelle Hitler passa énormément de temps entre 1923 et 1945. Beaucoup de dirigeants nazis s’étaient établis ici, et le régime avait carrément privatisé la montage et ses environs, après en avoir expulsé les populations. Les lieux ont donc été logiquement bombardés par les alliés en 1945 et presque entièrement détruits. Les restes des bâtiments ont été dynamités en 1952 afin d’éviter tout pèlerinage de néo-nazis sur les lieux. La colline abrite désormais un hôtel cinq étoiles et un green de golf. Là encore, difficile d’imaginer les paysages à l’époque, et de se dire que certaines des décisions les plus noires et les plus atroces de l’histoire ont été prises dans ce cadre idyllique. De tous les bâtiments construits par les nazis à l’époque, seul le Kehlsteinhaus (ou Nid d’aigle) est miraculeusement resté intact, alors qu’il avait également été désigné comme cible dans les plans de bombardements de 1945. J’irai le visiter le lendemain.
En attendant, je pose la tente à côté d’un château d’eau et essaie de m’endormir tant bien que mal.
Je suis content de la tente qui est rapide à installer, ainsi que du matelas autogonflant, dont le rapport confort/encombrement/rapidité de gonflage est intéressant. On est toutefois loin du confort d’un vrai matelas, et moi qui ai l’habitude de changer souvent de position, je ne me sens pas très bien, bloqué sur le dos, ou sur le côté mais avec un important de bras au réveil dans ce dernier cas. Le duvet que j’avais pris était un peu léger pour la température qu’il faisait à cette altitude (environ 1000m) et j’ai eu un peu froid malgré mes vêtements. Rien de dangereux, juste légèrement inconfortable.
La suite bientôt